Colloque « Les connaissances négatives » - 21/23 novembre 2018


L’avènement de la Modernité s’est accompagné d’une critique radicale de la métaphysique traditionnelle. Depuis les Lumières (notamment françaises) et plus encore avec Nietzsche et sa déconstruction des « Hinterweltler », la quête de justifications ultimes (Letztbegründungen) ou de connaissances transcendant l’immanence est devenue une entreprise largement suspecte. Si le rétablissement de systèmes métaphysiques aspirant à « expliquer tout », comme le formulait Kierkegaard avec ironie, ne semble aujourd’hui ni possible ni souhaitable, se pose toutefois la question de savoir s’il reste légitime de poser des questions métaphysiques dans l’ère post-métaphysique, et sous quelle forme. Cette question anime plusieurs entreprises philosophiques récentes, qui remettent au cœur du débat contemporain des figures du savoir qu’une conception positiviste de la science avait reléguées dans le domaine du mythe. Par exemple, le philosophe allemand Thomas Rentsch défend fermement la légitimité du questionnement métaphysique en contexte post-métaphysique, en le formulant sur le terrain de la connaissance, et en particulier des connaissances négatives. Ce champ de recherches nourrit une réflexion critique sur la prédominance actuelle des discours scientifique, économiste et positiviste, qui promouvraient un concept réducteur de la raison humaine. A l’encontre de cette tendance, Rentsch plaide pour la légitimité des questions que l’homme ne peut pas ne pas poser, et auxquelles il faut essayer de répondre en recourant à des approches méthodologiques à la hauteur des exigences épistémologiques du XXIe siècle, dont une des voies privilégiées est la réactualisation de la voie négative.

L’idée d’une démarche rationnelle apophatique ou aphairétique, procédant par négation plutôt que par affirmation, prend sa source dans l’Antiquité, chez le néoplatonicien Plotin, et s’est développée dans le néoplatonisme tardif puis le monde chrétien, notamment sous la forme de la théologie négative. Dans cette tradition, la capacité de l’esprit humain à saisir une réalité transcendante passe par la construction d’un discours entièrement formé de propositions négatives et pourtant tenu pour susceptible de procurer des connaissances. Dans la philosophie contemporaine, Rentsch est loin d’être le seul à redécouvrir le potentiel scientifique des opérations rationnelles forgées par négation et suppression. De la sigétique heideggérienne aux réflexions récentes de Jean-Luc Marion sur les « certitudes négatives », en passant par les « hyperphénomènes » de Bernhard Waldenfels, cette redécouverte se décline de diverses manières et cherche à dépasser les limitations imposées par un concept réducteur de la raison, qui évacue toute transcendance et qu’on pourrait appeler, avec Horkheimer, la raison instrumentale.

Comité d’organisation :
Florence BANCAUD et Sebastian HÜSCH - AMU, ECHANGES
Isabelle KOCH et Pascal TARANTO, AMU, Centre Gilles Gaston Granger

Comité scientifique :
Florence BANCAUD et Sebastian HÜSCH - AMU, ECHANGES
Isabelle KOCH et Pascal TARANTO, AMU, Centre Gilles Gaston Granger
Max MARCUZZI, AMU, IHP
Klaus VIERTBAUER, Université d’Innsbruck

Programme des journées

Accueil à partir de 13h - Aix-Marseille Université - Site Schuman - Bâtiment Multimédia (T1) - 29 av. Robert Schuman, 13621 Aix-en-Provence

Salle de colloque 1 et 2

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